Les paysages naturels
Timimoun, par 29°15’ de latitude N et 0°13’ de longitude E se situe
approximativement au centre du triangle formé par la frange méridionale
de l’Erg Occidental, la bordure nord-ouest du Plateau du Tadmaït et
l’Oued Saoura-Messaoud à l’Ouest.
Ce vaste plateau de plus de 100 km de large et de près de 10.500 km2
dans lequel s’inscrivent de nombreuses dépressions de type sebkha ou
ancien lacs salés , (la Sebkha de Timimoun mesure 80 km) le tout plus ou
moins parsemé de massifs dunaires, parfois même totalement recouvert
par des ergs, constitue le Gourara qui s’étend sur 86.000 km2 environ.
Timimoun (293 mètres d’altitude) est la ville la plus importante du
Gourara. La région comporte près d’une centaine de ksours (villages traditionnels)
et d’oasis, accrochés soit dans les festons de falaise, au pied
du plateau calcaire du Tadmaït, soit dans des cuvettes cachées entre les
dunes du Grand Erg Occidental.
Juchés sur la falaise, les énormes châteaux-forts d’argile tombant en
ruines témoignent de la défense des autochtones contre les pillards nomades.
Le Climat
Le climat de Timimoun est du type saharien central.
La saison tempérée, dite d’hiver, commence en octobre et se termine
au cours du mois d’avril. Durant cette période d’hiver, les journées sont
tièdes, les nuits fraîches, mais le thermomètre descend exceptionnellement
à zéro.
La saison estivale s’empare du reste de l’année, d’avril à octobre. La
montée thermique est progressive mais inexorable ; le franchissement de
chaque palier s’accompagne de violents vents de sable. La température
atteint parfois 50 ou 51° durant les mois de juillet et août.
On enregistre de brusques sautes de vent au Sud en été. Le ciel forme
alors une voûte surbaissée, que l’on appelle « la cloche » limitant les baisses
de température nocturne et rendant alors les nuits particulièrement
difficiles.
Dans un pays qui reçoit 15 mm de pluie annuellement, c’est aux nappes
phréatiques que l’homme doit s’adresser pour irriguer ses palmiers
et ses jardins.
Flore et faune
Les renseignements qui suivent sont extraits de l’ouvrage « Sahara
milieu vivant » de Yves et Mauricette VIAL paru chez Hatier.
Flore
L’erg est le domaine d’une Graminée, le drinn; des arbustes de trois,
quatre mètres de hauteur croissent dans les creux interdunaires et sur certaines
pentes deux Papilionacées, le rtam et un Genêt, une Ephédracée
aux rameaux articulés. Entre les dunes, des tapis d’herbe vert tendre apparaissent
après une pluie; c’est le pâturage temporaire, l’acheb des nomades,
constitué de toute une série de plantes annuelles ou bulbeuses .
De la végétation subsiste péniblement sur le reg dont le faciès biologique
est le plus pauvre du désert. Très éparse, elle est constituée souvent
par une Chénopodiacée arbustive à rameaux articulés, Haloxylon scoparium.
Des sous-arbrisseaux, des arbustes de taille respectable et même
quelques arbres s’installent parfois dans la sebkha. Une salure assez faible
est tolérée par quelques espèces de Tamarix ainsi que par les grands
Atriplex.
La flore de l’oasis. Lorsque les Sahariens du Paléolithique moyen tentèrent
de jeter les bases d’une agriculture primitive, ils commencèrent à
planter le Dattier et quelques céréales, là où la permanence de l’eau souterraine
le leur permettait.L’oasis est un milieu jeune.
Les Tamarix sont des arbres ou des arbustes à système radiculé
important, supportant les sols salés et caractérisés par de petites feuilles
souvent imbriquées. Les fleurs petites et régulières, roses le plus souvent,
se groupent en chatons.
L’Euphorbia guyoniana a des tiges non charnues effilées et très
ramifiées; ses feuilles sont étroites; elle peut mesurer 70 cm de hauteur.
Elle colonise les dépôts sablonneux , les formations dunaires , les rochers
ensablés.
L’Acacia, arbre de 2 à 10 m, aux petites feuilles vert sombre,
dont les rameaux âgés sont d’un blanc ivoire, est armé de longues épines
dures. .
Le tahla se maintient dans certaines vallées sèches et dans quelques
dayas.En été, cet Acacia constitue un excellent pâturage; les Chameaux
apprécient beaucoup les jeunes épines, les gousses et les graines.
Le rtam est un arbrisseau de 1 à 3,50 m de hauteur, à longs rameaux
jonciformes ; les petites feuilles tombent rapidement après les pluies. Les
grandes fleurs blanches (8-10 mm), forment des grappes.
Faune
La palmeraie frappe d’abord par la présence d’espèces qui, traditionnellement,
accompagnent l’homme, ne subsistant souvent que grâce à
lui; ainsi Mouches, Souris et Rats. Parmi les prédateurs, quelques Lézards
grimpent sur les troncs des Palmiers. Cependant, les palmeraies retiennent
nombre d’Oiseaux, résidents ou migrateurs.
Le Scorpion Androctonus amoreuxi le plus couramment rencontré
vit dans le sable où il creuse de profondes galeries munies parfois de deux
entrées. Il mesure jusqu’à 12 cm.Il occupe surtout les lits d’oued et la bordure
des ergs où il est parfois très commun, mais pénètre aussi sur le reg
sablonneux et la hamada.
Relativement nombreux, les Reptiles du Sahara sont essentiellement
représentés par des Sauriens et des Serpents.
La Couleuvre vipérine (Natrix maura), franchement aquatique,
abonde dans les palmeraies bien irriguées ; elle devient plus rare
dans les oueds et disparaît ailleurs.
Certains djebels comportant de nombreux refuges abritent aussi une
faune assez dense, composée surtout de Lézards (Geckos, Erémias, Agames);
ces Lézards habitent les éboulis rocheux ou se réfugient sous les
pierres jonchant le sol.
Les Geckonidés se reconnaissent assez facilement à leur tête large
aux gros yeux proéminents, à leur peau fine, parfois diaphane,recouverte
de petites écailles granuleuses juxtaposées et à leur queue relativement
courte. Leurs membres sont bien développés et certaines espèces ont des
doigts dilatés munis d’organes adhésifs, leur permettant d’escalader des
surfaces verticales lisses.
Fouette-queue, Lézard des Palmiers, «dob». L’aspect de ce
gros Lézard est bien connu; le corps, massif, est supporté par des membres
courts et puissants; la queue, large, est armée d’anneaux d’épine
Poisson de sable, Scinque officinal, « semchel».
Ce Scinque est le plus beau Saurien du désert. Certains adultes possèdent
une robe beige-roux mouchetée de brun plus ou moins foncé sur le
dos; leurs flancs sont ornés de taches (macules) d’un brun plus ou moins
soutenu.
Le Scinque officinal apparaît dans toutes les zones de sable vif. Il y
circule entre les touffes de végétation en actionnant ses pattes comme
des rames. Ce Scinque ne creuse pas de terrier mais s’enfouit dans le sable,
entre 20 et 40 cm de profondeur, au cours de son repos journalier et de sa
diapause hivernale.
Vipère à cornes.La longue écaille pointue, insérée au-dessus de chaque
oeil, permet d’identifier cette Vipère sans erreur. Cependant, il arrive
que cette écaille soit plus ou moins réduite, au point, parfois, de ne former
qu’ une simple protubérance. Une Vipère à cornes lovée sur le sable
est quasi invisible.
Le reg et le plateau de la hamada, n’accueillent que de rares espèces
d’oiseaux, généralement caractéristiques des habitats ouverts à sol
compact et pierreux. Ces espèces possèdent des pattes robustes, leur permettant
de rechercher en marchant les proies dont elles se nourrissent;
l’Ammomane du désert et surtout le Courvite isabelle (Cursorius cursor),
coureur infatigable et rapide, prompt à saisir les proies les plus variées,sont dans ce cas.
Au contraire, d’autres Oiseaux comme la Fauvette naine
(Sylvia nana), préfèrent les sols sableux.
Dans les oasis, il y a plus d’oiseaux, mais peu variés: principalement 2
espèces de Tourterelles , des bois et des palmiers et la Pie-grièche
grise.
Les espaces sahariens sont régulièrement survolés par une
nombreuse population de migrateurs, composée surtout
d’oiseaux européens hivernant en Afrique (cigognes et grues). Ces courants
migratoires se produisent dès la fin de mars vers le Nord, et dès la
fin d’août vers le Sud.
Parmi les Mammifères, il faut citer des Rongeurs: Gerbilles, Meriones,
Gerboise , Gundi ; des Carnivores: Renard famélique , Fennec , Chat de
Marguerite ; des Ongulés: Gazelle dorcade , Rhim, Chacal , Hyène rayée.
Trident.Cette Chauve-Souris d’assez grande taille (environ 80 mm
pour la tête et le corps), au pelage blanchâtre sur le dos, se remarque à
l’orme caractéristique de sa feuille nasale dont la partie postérieure est
divisée en trois lobes pointus (d’où le nom de Trident).Le Trident est principalement
inféodé aux foggaras.
La petite Gerboise.Ce sympathique Rongeur ne peut être confondu
avec aucun autre. Ses membres antérieurs très réduits et à demi dissimulés
dans la fourrure, ses membres postérieurs très développés, sa
queue bien plus longue que la tête et le corps (tête et corps: 105 à 125
mm, queue: 170 à 230 mm), son museau plat et ses gros yeux se remarquent
tout de suite.
Fennec.Ce Renard saharien est à peine gros comme un Chat; il
a de vastes oreilles triangulaires, un pelage de teinte générale fauve et
une queue très touffue. C’est un animal nettement désertique.
L’irrigation
Les foggaras
Les foggaras (il serait plus correct de dire les «foguagir» au pluriel arabe
maghrébin) creusées à partir du 1er siècle sont des canaux de drainage
souterrain de la partie supérieure de la nappe qui « conduisent » l’eau sur
une longueur qui peut atteindre 15 kms jusqu’à un niveau altimétrique
compatible avec celui des terres arables.
Les puits dont le nombre peut atteindre plusieurs centaines , ne servent
qu’à l’évacuation des matériaux, et étant donné les conditions de
travail en climat saharien, à l’aération de la galerie en période de curage
ou de creusement.
L’eau qui sort des foggaras est canalisée à l’air libre par des petits
canaux , des seguias , jusqu’à un peigne , une sorte de répartiteur dont
les branches plus ou moins écartées permettent à chacun de recevoir la
quantité d’eau à laquelle il a droit au prorata des capitaux investis. Le curage
se fait une fois par an au moins. Une partie du produit des travaux
d’amélioration est laissé à celui qui les entreprend selon une clef de répartition
établie au départ , le « kiel el ma » ayant en charge la vérification du
bon fonctionnement de l’ensemble de la répartition.
Chaque propriétaire stocke son eau dans un bassin ou Majen qu’il assèche
selon les besoins de ses cultures.
La palmeraie de Timimoun est desservie par un réseau de 47 foggaras
, la plus grande , Amghaïer , comporte 390 puits de profondeur maximum
égale à 48 mètres et la plus petite, dite Koukou Ali, comporte 2 puits de 6
mètres de profondeur.
Les puits à balancier
Dans les oasis de l’Erg , Taghouzi, Tinerkouk et en partie dans l’Aouguerout
où la faible profondeur de la nappe ou le niveau élevé des jardins
par rapport à l’arrivée d’eau, autorise l’amenée d’eau par ce procédé, on
trouve quelques puits à bascule appelés « khottara »..
L’eau puisée est déversée dans un demi-tronc de palmier évidé
(fraoun) ou dans une grande séguia en maçonnerie grossière, pour aller
s’accumuler dans un bassin réservoir (majen).
Les beirdas
Le groupe des oasis de l’erg n’a pas connu les foggaras, à l’exception
de l’oasis de Seguia, parce qu’il n’était pas possible d’en établir : les dunes
ne permettent pas le forage de foggaras.
En revanche, ces oasis bénéficient d’une humidité abondante à fleur
de sol.
Les puits sont peu profonds – 2-3 mètres généralement – et les habitants
du Taghouzi ont adopté le système de culture en beurda ce qui
signifie « au frais ». Pour cela, ils creusent une fosse qui peut atteindre
de grandes dimensions, dans laquelle ils plantent les palmiers et les céréales,
qui n’ont pas besoin d’être irrigués : c’est en somme de la culture
bour.
Les périmètres de mise en valeur agricole
L’époque récente a vu l’apparition de nouveaux périmètres de mise
en valeur tel celui de Badriane conquis sur le plateau, là où des forages
en eau profonde peuvent être entrepris permettant toutes les cultures.
Certains sont dotés de « pivots », rampes d’arrosage mobiles desservant
des « champs » de céréales parfaitement circulaires que l’on rencontre
dans l’Aouegrout.
L’agriculture
Une grande partie des palmiers ne produisent qu’une année sur deux
et leur rapport ne peut être chiffré par moyennes mathématiques parce
que beaucoup trop de facteurs interviennent, tels que par exemple ;
*Les invasions d’acridiens (phénomène cyclique),
*Les froids de janvier (gelées) selon certaines années,
*Les vents de février-mars (époque de la fécondation),
*Le manque d’irrigation durant l’été.
Dans certains secteurs, une maladie parasitaire due à un Champignon
et appelée bayyod par les autochtones, décime les arbres dont les palmes
sont rapidement décolorées.
L’arbre porte ses inflorescences mâles et femelles en groupes distincts.
Pour améliorer la production, les oasiens utilisent diverses techniques: les
fleurs mâles sont secouées au-dessus des fleurs femelles; ou quelques rameaux
mâles au pollen mûr sont introduits dans l’inflorescence femelle.
Le Palmier a besoin de longues heures d’ensoleillement quotidien pour
donner le fruit sucré et onctueux que nous connaissons. Il existe une vingtaine
de variétés de dattes au Gourara. Parmi les plus importantes , il faut
citer :
* Hamira (ou Tilemsou) qui sont donc les principales dattes marchandes du
Gourara:
*Tinasseur
*Degla (Taghouzi)
*Takkarbouch
Vers le 15 octobre, on sème de l’orge, et, vers fin octobre, on commence
les ensemencements en blé. La récolte d’orge en grains est très
faible parce que, courant février, dès la formation des épis, l’orge est
De retour du Jardin
consommée telle quelle. (Ce mets s’appelle le frik). L’orge ainsi éliminée
des jardins est aussitôt remplacée par une variété de blé très hâtive mais
de rendement faible.
On doit noter aussi la production de céréales d’été (maïs , mil ou tafsout
et sorgho ou bechna) ou de moutarde sauvage ou harra utilisées
pour nourrir le bétail.
Toujours pendant la saison froide, on trouve en abondance des légumes
communs : navets, carottes, oignons, quelques lentilles , une variété
de petits haricots appelés « Tadellaght», des pois « demchi », quelques
carrés d’arachides, des patates douces, et, sur la périphérie des bassins
d’irrigation, on trouve quelques melons, pastèques, concombres et citrouilles.
Peu ou pas de fourrage. La luzerne vient mal. Une crucifère appelée
« harra » constitue un excellent fourrage vert et sec pour le petit cheptel
local.
Les Châamba, les seuls vrais nomades que l’on trouve aux confins
de l’erg , détiennent la plus grosse partie du cheptel camelin . On trouve
quelques chèvres dans les oasis mais cela est marginal. Le Gourara est
tributaire du Nord (moutons à laine) et des revendeurs d’Aoulef et de
Reggane (moutons sidaoun) pour ses approvisionnements en viande.
L’Institut technique des moyens agricoles spécialisés (ITMAS) installé
à Timimoun étudie les adaptations au climat de différentes semences et
engrais.
Source: Timimoun la mystique
0